Utilité et futilité du bijou dans l’Histoire
Au-delà du plaisir et de l’épanouissement que me procure la création des bijoux En Boucle, je me pose souvent la question de leur utilité (ou de leur futilité).
Le confinement m’a permis de creuser cette question car au moment où seuls les produits de première nécessité avaient l’autorisation d’être vendus sur les marchés, j’ai senti qu’il ne convenait peut-être pas de les faire circuler en les vendant en ligne, c’est-à-dire qu’il me paraissait abusif de faire travailler, et donc d’exposer/de mettre en danger le personnel de La Poste, notamment, pour des produits dits « accessoires ».
Pourtant, j’ai reçu quelques commandes d’amies qui avaient envie, peut-être même besoin, de bijoux à cette période et j’ai honoré leur commande. Leurs retours enthousiastes m’ont donné l’impression que recevoir mes bijoux leur remontait le moral, leur permettait de maintenir des liens importants (cadeaux pour une meilleure amie, une collègue) voire les aidait à se projeter dans l’après (des boucles assorties mère/fille pour un mariage, cet été ; un bracelet qui servirait de porte-bonheur pour des formations à la rentrée) Cela m’amène à poser une question plus large :
Quelle est l’utilité des bijoux ?
Faire un cadeau c’est tisser des liens
La pratique d’offrir des cadeaux existe depuis des temps archaïques dans toutes les régions du globe. Le sociologue Marcel Mauss a décrit cela sous la théorie du don – contre don dès 1923. Si les occasions auxquelles on offre des cadeaux sont désormais très ritualisées : anniversaires, Noël, rituels de passage, il n’en demeure pas moins qu’il s’agit d’une façon d’activer et de réactiver les liens sociaux qui nous unissent, qu’ils soient familiaux, amicaux ou professionnels.
Le besoin de beauté
Parmi toutes les ressources qui nourrissent notre énergie, notre motivation et accroissent notre sentiment de bien-être, côtoyer la beauté au quotidien est une des plus négligées. Or, être au contact de ce qui nous parait beau participe pleinement à nous construire et à faciliter la réalisation de nos projets de vie. En effet, le beau – dont la définition appartient à chacun – active notre plaisir, notre désir, notre joie et notre optimisme. Il participe aussi à renforcer notre sérénité et notre sentiment de sécurité. Prendre sa dose de beau nous permet également de stimuler notre imaginaire, notre curiosité et notre créativité.
Se faire beau… ce n’est pas nouveau !
Les plus anciennes parures retrouvées à ce jour datent d’il y a… 700 000 ans ! Les archéologues découvrent chaque jour des pièces sous la forme d’ossements d’animaux ou de bois qui témoignent à la fois de l’enjeu quasi éternel de « s’orner » mais aussi de la qualité d’objets de don des bijoux. En effet, certains ossements ou bois ont été trouvés loin des endroits où les espèces animales ou les essences d’arbres avaient existé : ils auraient donc été donnés, échangés ou troqués.
Anciennement signes ostentatoires de richesse ou d’appartenance (à une famille, à un mari), les bijoux dits fantaisie sont aujourd’hui une façon d’affirmer son caractère et ses préférences. Véritables « déclaration de mode » ils servent aussi à assumer son exubérance et sa féminité mais aussi sa masculinité !
Une futilité nécessaire !
J’espère que la lecture de cet article vous aura convaincu de l’utilité sociale, culturelle et psychologique des bijoux. Si tel n’est pas le cas, je vous laisserai méditer avec une citation de René Barjavel : « L’inutile et le superflu sont plus indispensables à l’homme que le nécessaire ».